Années Pac 2009 et après Loi de modernisation de l’agriculture : une de plus, une de trop ?
Nicolas Sarkozy a proposé une loi de modernisation agricole pour préparer la France à une Pac après 2013. A-t-on besoin d’une nouvelle loi ? Les réponses des syndicats agricoles lors de la table ronde organisée par Terre-net Média le 22 février dernier à l’occasion du Sima.
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Le 22 février dernier, sur le plateau de la Sima Terre-Net Web TV, tous les syndicats agricoles avaient répondu présent à l'invitation de Terre-net Média. (© Terre-net Média) |
Oui à l’exception agri-culturelle !
Pour Jean-Louis Fenart, membre de la coordination rurale, cette annonce présidentielle montre bien que « l’on est déjà en train d’anticiper l’après 2013 qui demandera encore plus de libéralisme, qui va à l’encontre même d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement et durable, prônée par ailleurs ». Selon Jean-Louis Fenart, pas de doute : « Il faut décréter l’exception agri-culturelle pour sortir l’agriculture de l’Omc ! »
« Faire des lois, c’est à la mode ! , relevait pour sa part William Villeneuve, le président des JA. Après, tout dépend de la façon dont on l’applique. » Mais l’agriculture, c’est 14% de la population active, c’est le 1er secteur positif de la balance commerciale. « Donc investir dans l’agriculture, ce n’est pas investir dans la finance ! L'agriculture est une chance pour l’économie française : il y a aujourd’hui des actions à faire et le rééquilibre nécessaire passera par l’organisation. On a notre part d’actions à prendre, mais l’état a un rôle à jouer pour nous aider à nous organiser pour affronter les marchés. Mais je pense qu’il faut que nous soyons déjà autosuffisants avant d’essayer d’exporter. »
Elimination des paysans
Reviendrait-on alors du libéralisme à tout va ? C’est en tout cas ce que pense Jacques Pasquier, le secrétaire général de la Confédération paysanne. La crise dans laquelle nous sommes plongés change la donne : « On revient peut être du libéralisme », s’est-il interrogé. Mais pour le représentant, le risque est bel et bien d’avoir une concentration des productions sans que ne se pose la question de la richesse produite. « Une loi de modernisation se traduit toujours pas une élimination des paysans ! Le modèle construit ces dernières années est inadapté pour faire face à cette crise énergétique, financière, économique. Pour être moderne, l’agriculture doit disposer d’une politique foncière permettant de produire bio, d’installer, d’attacher des productions à des territoires… le tout devant correspondre à une agriculture durable, socialement, économiquement et environnementalement. On ne peut plus dissocier les questions sociales des questions environnementales. »
Europe, organisation et LME
Pour Xavier Beulin (Fnsea), cette proposition de loi de modernisation doit s’inscrire dans un cadre rassurant : « Nos politiques ont été très affirmatifs par rapport à l’Omc : sans protections douanières, nous savons que certaines filières comme la viande bovine sont condamnées. » Pour le représentant du principal syndicat agricole, cette loi doit s’attacher à développer des outils autour de trois axes :
D’une part, l’Europe. « J’affirme qu’il faut mieux d’Europe, et pas moins d’Europe. La tentation de repli sur soi en période de crise est très dangereuse et il faut réfléchir aux conséquences d’un démantèlement agricole. »
D’autre part, la question de la concentration de la distribution doit guider les débats. « Quatre centrales d’achat font 80% du marché alors qu’en face, 10.000 entreprises de transformation et 450.000 exploitations produisent. Une telle atomisation n’est plus possible et nous allons tout mettre en œuvre pour que la loi de modernisation de l’économie soit appliquée. Dans ce cadre, nous avons tout intérêt à aller au-delà de ce que nous faisions jusqu’à présent en termes d’organisation. C’est pourquoi il est primordial et vital d’avoir des entreprises agroalimentaires qui tirent les filières. J’affirme là aussi qu’il faut arrêter de stigmatiser telle ou telle agriculture. Nous avons besoin de toutes car elles correspondent à des marchés identifiés. Si on fait tous la même chose, on écroulera les marchés. »
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